Un autre prestigieux vignoble européen est touché par une crise économique jamais vue au
préalable, celui qui a fait la notoriété de la région du Douro, le célèbre Porto a manqué d’acheteurs
en 2023 et les sur-stockages finissent par peser lourd dans les transactions commerciales.
Ici il y a environ 43700 hectares qui constituent ce vignoble historique, un des tous premiers à avoir
installé une appellation d’origine et créé des parcellaires à partir de terroirs géologiques. Deux
grosses appellations vivent en symbiose aujourd’hui, le PORTO, un célèbre vin muté cher aux anglais
et le DOURO, une appellation de vin sec tranquille créée plus récemment. Un paysage splendide
longe ce fleuve qui fait aussi le bonheur du vignoble espagnol sous le nom de DUERO, mais en dehors
de ces aspects idylliques, une grave crise économique secoue ce vignoble.
Ce vignoble est articulé entre les grandes maisons pour la plupart basées dans la ville de Porto, à Vila
Nova de Gaïa, qui ont créé des marques énormes comme NOVAL, FONSECA, CALEM, GRAHAM’S ou
TAYLOR’S parmi tant d’autres et les producteurs organisés autour des fermes, les quintas qui
fournissent les raisins de base. En 2023, pour la première fois, certaines maisons n’ont pas honoré
leur contrat et n’ont pas acheté la totalité des raisins à leurs fournisseurs habituels…Ceux-ci ont donc
été obligés de trouver d’autres acheteurs, ce qui est particulièrement difficile dans une époque où les
vins à fort degré alcool comme le Porto (Entre 19° et 22°) ont du mal à trouver preneur dans un
monde où le sans alcool fait recette à l’opposé….
Les ventes des vins de cette région ont chuté terriblement en 2022, – 22% et 2023 a vu encore une
chute de -5% et le résultat conséquence de ces méventes, reste le sur-stock de quantités de vin qui
ne trouvent pas preneur…l’Institut des vins de Porto et du Douro est intervenu en baissant les quotas
de production mais apparemment cela ne suffit plus à enrayer la crise.
L’appellation Douro a vu le jour en 1998, déjà pour supplanter le recul des ventes des Portos, mais 25
ans après on retombe à nouveau dans la crise. Les coûts de production sont les mêmes pour les 2
types de vin, mais les prix d’achat peuvent être 5 fois moindre pour les vins tranquilles secs non
mutés.5 grandes maisons contrôlent 87% du marché, un peu comme à Cognac, mais en face nous
avons environ 20 000 vignerons qui ont de toutes petites parcelles et qui sont asphyxiés par les
charges et les prix qui ne sont plus rémunérateurs. Toute la viticulture portugaise est du reste en
difficulté et en 2023 on a distillé pour 20 millions d’euros dont pratiquement un tiers uniquement
pour la région du Douro !
L’IVPD a essayé par un autre biais de trouver des créneaux de valorisation en créant une nouvelle
catégorie de Portos, les plus de 50 ans d’âge ou VVO (very very old), avec des prix à la bouteille qui
peuvent aller de 100 à 1000€, mais ce n’est pas sur que cette mesure soit suffisante pour enrayer la
descente en enfer promis aux petits producteurs de raisin ; comme à Bordeaux l’année 2024 va être
capitale dans le devenir de centaines de vignerons au Portugal….
Source : www.vitisphere.com